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Athlétisme

Corrida Internacional de São Silvestre

25 décembre 2018

Thierry Lefeuvre

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Il y a quarante ans Radhouane Bouster remportait la corrida de São Paulo au Brésil, depuis aucun Français n’est monté sur la plus haute marche du podium. La corrida de la Saint-Sylvestre est organisée chaque année depuis 1925

                                              

Né à Paris en 1954, Radhouane gagne en 1972 le cross de l’Essonne, l’année suivante il effectue son service militaire au Bataillon de Joinville. En 1975 il termine 12e du championnat de France de cross, 15e du cross du Figaro et réalise 13:52 sur 5000 m. En 1976 il est vainqueur de la première édition de Paris-Versailles.

Il remporte les foulées de Suresnes en 1977, 9e au cross de Vanves et 4e au Figaro. En 1978, il est champion interrégional de cross-country Ille-de-France, 8e au championnat de France de cross, 18e au championnat du monde à Glasgow en Ecosse et médaille d’or par équipes pour la France avec ; Pierre Lévisse (10e), Lucien Rault (13e), Alex Gonzalez (32e), Thierry Watrice (35e) et Jean-Paul Gomez (43e)

En haut de gauche à droite : Alex Gonzalez, Jean-Paul Gomez, Lucien Rault, Pierre Levisse et Radhouane Bouster

En bas en mars à Glasgow, Radhouane Bouster entre le futur vainqueur l’Irlandais John Treacy (52) et le Lituanien Aleksandras Antipovas (28) qui finira 2e

Après son titre en cross-country Radhouane Bouster en juillet devient champion de France du 10 000 m en 28:29. (il sera champion de France du 10 000 m également en 1980 et 81 et du 5000 m en 1981). Les places d’honneur continuent pour lui : 1er à Suresnes, 9e aux foulées Rennaises, 2e au cross de Vanves à 9 s de l’Anglais Simmons, puis il termine 10e au cross de Cristal Palace en Angleterre et en décembre c’est la victoire au Figaro fertile en événement : «  A 1 km de l’arrivée Boxberger me coince à gauche, je passe à droite, pareil ! Je repasse à gauche et il me met son coude à hauteur du visage. Malgré tout j’essaie de passer à droite, là il s’appuie sur ma poitrine et passe premier. Mais le juge arbitre le déclasse et je suis déclaré vainqueur » Dix jours plus tard Radhouane s’envole pour le Brésil avec en tête cette phrase du Belge Gaston Roelants (4 fois vainqueur à São Paulo) : « Après moi aucun Européen ne pourra remporter la victoire ». Une telle phrase dans la bouche d’un champion me révoltait un peu disait Radhouane

cross du Figaro 17 décembre 1978

Au cross de Vanves, Radhouane Bouster avait rencontré le Colombien Domingo Tibaduiza vainqueur de la corrida de São Paulo l’année précédente en 1977. « Nous avons sympathisé et il m’a expliqué la Corrida, mètre par mètre, seconde par seconde, ce qu’il fallait faire, ce qu’il fallait éviter » Radhouane part une semaine avant la course pour s’acclimater, il fait une chaleur torride. Sur place il fait une reconnaissance du parcours, il monte la côte de la Consolation pour en mesurer l’inclinaison. Il prend ses points de repère : en bas le garage Delphin, en haut le panneau Coca Cola. Il fait deux fois le parcours à pied (8,4 km) et une fois en voiture.

Le jour de la course il arrive une heure avant le départ pour s’échauffer et s’imprégner de l’ambiance. Il croise M. Giffart l’organisateur des foulées Rennaises. L’ambiance est délirante, des milliers de personnes, une forte chaleur, des écoles de samba….

Le départ est donné à 23h40 pour que l’arrivée se fasse dans les trois premières minutes de 1979. Les femmes sont parties 300 m avant les hommes. Dès le départ c’est un train d’enfer, Bouster et le Portugais Fernando Mamede sont ensemble. Les pétards explosent, les confettis et les bouts de papier emplissent le ciel, les gaz d’échappement…un bruit monstrueux, « Jamais entendu autant de bruit de ma vie, les oreilles me font mal »

200 m après le départ une descente de 1 km. Mamede et Bouster sont 7es ou 8es, en arrivant au faux plat, Véhimo trébuche, il est un peu myope, il vient de perdre quelques mètres, il a perdu la course.

Tibaduiza est alors 4e, le trou est fait ils ne sont plus que 7 en tête

Devant Mamede et Bouster il y a le Belge Schoofs, l’Italien Fava et le Colombien Tibaduiza. Avant la côte de la Consolation, Fava perd quelques mètres, la course est terminée pour lui. Une accélération, Bouster réagit, Mamede est distancé de 5 m. Bouster est 3e, Tibaduiza accélère encore juste avant la côte. Bouster et Schoofs sont côte à côte, le Belge est gêné par un motard, il perd 5 m mais il remonte. En haut du faux plat on distingue la banderole d’arrivée au bout de la grande avenue. « On croit qu’elle est à 800 m alors qu’en réalité il reste 1,600 km à parcourir, pour moi c’est déjà fantastique de terminer 3e, je monte sur le podium, mon rêve ! »

A 1,500 km de l’arrivée, Schoofs et Bouster rejoignent le Colombien et le doublent : « C’est là où ça m’a fait de la peine car c’est lui qui m’avait donné tous les tuyaux »

Domingo Tibaduiza (COL)

A 900 m de la ligne Bouster est 2e « Alors que le plus dur était fait, j’ai failli baisser les bras » A 300 m le Belge attaque, Bouster remonte 1 m, puis 2 m, puis 3 m, le Belge ne bouge pas » C’est vrai je ne savais plus ce que je faisais, j’étais en transe. Je me suis retrouvé avec des forces surhumaines, mes jambes se levaient à nouveau et j’ai sprinté comme je ne l’avais jamais fait, je lui est mis 10 s en 200 m. Je n’y croyais pas, je suis tombé après l’arrivée, ma femme m’a soutenu, je ne savais plus où j’étais, j’ai levé les bras au ciel. Le Belge est arrivé en marchant, Tabiduiza en zigzaguant »

La Marseillaise après presque deux heures d’attente, le temps pour l’organisation de trouver une version digne de ce nom, puis la couronne et l’immense coupe de 1,20 m

                                        

31 décembre 1978. 8,4 km, classement :

23:51 Radhouane Bouster (FRA)

24:11 Hendrick Schoofs (BEL)

24:22 Domingo Tibaduiza (COL)

24:24 Fernando Mamede (POR)

24:24 Francesco Fava (ITA)

24:40 Gérard Tebroke (NED)

24:43 Éloi Schleder (BRE)

25:00 Martti Vainio (FIN)

25:01        De Araujo (BRE)

25:02        Nuñes (BRE)

Confusion sur la ligne d’arrivée pour les femmes : 1re l’Américaine Dana Slater, mais il n’y aura pas de chronos officiels.

Depuis 1991 la distance est de 15 km.

94e édition le 31 décembre 2018, 1re édition 1925, les femmes sont admises depuis 1975

Record de victoires : Paul Tergat (KEN) : 5 et Rosa Mota (POR) : 6

Les Français dans le top 10 :

Jean Vernier 5e en 1950 (1re participation française)

Maurice Chiclet 5e en 1957

Hamoud Ameur 8e en 1959

Robert Bogey 4e en 1961

Hamoud Ameur 1er en 1962

Hamoud Ameur 6e en 1963

Guy Caillet 5e en 1965

René Jourdan 10e en 1968

Radhouane Bouster 1er en 1978

Radhouane Bouster 7e en 1980

et aussi :

Guy Texereau 11e en 1963

Pierre Liardet 14e en 1973

Jean-Paul Gomez 26e en 1974

Pierre Liardet 37e en 1975

Alex Gonzalez 11e en 1979

Christian Geffray 14e en 1981

Jean-Michel Charbonnel 26e en 1983

Jean-Claude Louison 47e en 1987

Pierre Levisse 44e en 1988 (jamais vu autant de tricheurs dans une course !)

Jean-Louis Prianon 20e en 1992

Dominique Chauvelier 22e en 1994

…..

Les meilleures françaises :

Chantal Langlacé 7e en 1977

Martine Bouchonneau 2e en 1982

Rodica Daniela Nagel 10e en 1998

Les Bretons :

Jean Le Vaillant (Lannion) 12e en 1970

Jean-Yves Le Flohic (Pontivy) 29e en 1975

Jean-Luc Paugam (Brest) 31e en 1977